L'hydrothérapie du côlon, aussi appelée irrigation du côlon, est une pratique de plus en plus populaire dans le domaine du bien-être et des médecines alternatives. Présentée comme une méthode de nettoyage intestinal, elle consiste à injecter de l'eau dans le rectum à l'aide d'un appareil spécifique. Pourtant, derrière son apparence de soin naturel, cette pratique soulève d'importantes questions juridiques en France. En effet, selon le droit français, elle est considérée comme un acte médical réservé aux professionnels de santé. Cet article propose une analyse détaillée des enjeux juridiques et des risques encourus par les praticiens non autorisés.
I.Le cadre légal de l'hydrothérapie du côlon en France
a) Un acte médical encadré
L'hydrothérapie du côlon est référencée dans la nomenclature des soins infirmiers sous le terme de « lavement évacuateur ». Selon l'article L. 4161-1 du Code de la santé publique, toute personne qui pratique un acte médical sans être titulaire d'un diplôme, certificat ou titre requis, s'expose à des poursuites pour exercice illégal de la médecine. Cet article précise que :
« Exerce illégalement la médecine toute personne qui prend part habituellement ou par direction suivie à l'établissement d'un diagnostic ou au traitement de maladies, ou pratique un acte professionnel réservé aux médecins. »
b) Les risques pour la santé
L'intervention, bien que présentée comme une pratique de bien-être, implique une invasion du corps humain et comporte des risques avérés : perforations, infections, déséquilibres de la flore intestinale.
Ces risques suffisent à classer l'hydrothérapie du côlon parmi les actes médicaux, nécessitant une formation et une autorisation spécifiques.
2. Les limites du rôle propre de l'infirmier
Certains praticiens s'appuient sur les articles R4311-1 à R4311-5 du Code de la santé publique pour justifier leur activité, arguant que l'hydrothérapie du côlon relève des soins infirmiers. Pourtant, l'article R4311-7 précise que les actes tels que les lavements, la pose de sondes rectales ou les extractions de fécalomes ne peuvent être pratiqués que :
Ainsi, même pour les infirmiers, la pratique de l'hydrothérapie du côlon n'est légale que sous supervision médicale.
3. La jurisprudence : entre relaxe et condamnation
a) Des décisions de relaxe isolées
Deux décisions de justice, rendues respectivement par le Tribunal de Grande Instance de Rodez (22 février 2017) et le Tribunal de Grande Instance d'Orléans (20 janvier 1993), ont abouti à la relaxe de prévenus poursuivis pour exercice illégal de la médecine via la pratique de l'irrigation du côlon. Ces décisions s'appuient sur l'absence de preuve d'un acte médical ou d'un risque avéré pour la santé.
b) Une jurisprudence constante en faveur de la réserve médicale
Cependant, la Cour de cassation a régulièrement rappelé que la pratique habituelle d'actes à visée thérapeutique ou bien-être, même non conventionnels (comme l'acupuncture), constitue un acte médical dès lors qu'elle implique un diagnostic, un traitement ou un risque pour la santé. (Cass. crim., 13 juillet 2017, n 0 16-85596 ; Cass. crim., 16 décembre 2014, n014-80088).
Le Conseil National de l'Ordre des Médecins, dans un rapport du 3 février 2023, souligne que l'hydrothérapie du côlon, bien que non enseignée en faculté de médecine et dépourvue de preuve scientifique, reste juridiquement encadrée comme un acte médical en raison des risques qu'elle comporte.
4. Les risques encourus par les praticiens non autorisés
a) Sanctions pénales
L'exercice illégal de la médecine est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30 000 euros d'amende (article L. 4161-5 du Code de la santé publique). Les praticiens non autorisés s'exposent donc à des poursuites pénales, même en l'absence de plainte ou d'enquête de l'Agence
Régionale de Santé (ARS).
b) Responsabilité civile et professionnelle
En cas de complication (infection, perforation, etc.), le praticien engage sa responsabilité civile et peut être condamné à réparer le préjudice subi par le patient.
5. Conclusion
Face à ce cadre juridique strict et aux risques encourus, il est formellement déconseillé aux praticiens non médecins ou non infirmiers (agissant sans prescription médicale) poursuivre cette activité. Les professionnels du bien-être doivent se tourner vers des pratiques non invasives et légalement autorisées, afin d'éviter tout risque pénal ou civil.
En résumé :
L'hydrothérapie du côlon est un acte médical en France.
Sa pratique est réservée aux médecins ou aux infirmiers sous prescription médicale.
Les praticiens non autorisés s'exposent à des sanctions pénales et civiles.
La jurisprudence et les autorités sanitaires confirment ce cadre strict.
[03/10/2025]
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